En ce Mois de l’égalité et pour ce septième épisode du Curious Live de la saison, Flavien et Léa sont accompagné·e·s de leurs camarades Gwendoline, Coralie ainsi que de Kildine Bataille, adjointe au maire de Dijon en charge de la petite enfance, l’égalité hommes-femmes et les luttes contre les violences faites aux femmes pour aborder le thème de l’égalité des genres.
Un sujet devenu aujourd’hui incontournable, au vu du chemin parcouru depuis plusieurs siècles maintenant. À titre d’exemple, il a fallu 96 ans aux femmes pour obtenir le droit de vote en France si l’on compare aux hommes. Un chiffre qui témoigne d’une lutte de longue date pour faire reconnaître leur rôle dans la société.
Une question institutionnelle
Aujourd’hui, différentes lois sont instaurées afin de pallier cette différence de traitement selon le genre. Tout d’abord la Loi Rixain datant de 2021 et dédiée à l’émancipation économique des femmes, enjoignant toute entreprise de plus de 1000 salarié·e·s à publier chaque année les éventuels écarts de représentation entre femmes et hommes parmi leurs cadres dirigeant·e·s et membres des instances dirigeantes. Cette loi désire ainsi imposer un quota d’au moins 30 % de femmes cadres-dirigeantes ou membres d’instances dirigeantes d’ici 2027, avec pour ambition 40 % d’ici 2030. En 2020 en effet, seul un quart des entreprises avait une quasi-parité dans leurs 10 rémunérations les plus importantes.
Autre loi récente, celle du 19 juillet 2023. Elle vise à renforcer l’accès des femmes aux responsabilités dans la fonction publique. L’un des futurs projets du plan interministériel “Toutes et tous égaux” prévoit par ailleurs la création d’un label “égalité filles-garçons” d’ici 2027 pour les établissements du second degré, afin de diffuser la culture de l’égalité dès le plus jeune âge.
En plus de ces réglementations, les institutions détiennent un rôle majeur dans ce combat pour l’égalité, et ceci au niveau communicationnel. La communication publique est en effet un levier incontournable. Service civique à part entière diffusé par les administrations, les collectivités territoriales ou encore les organismes publics, elle est réfléchie de façon à sensibiliser le public aux différents changements sociaux. À travers ses différents canaux mettant en lumière les inégalités de genre, la communication publique peut ainsi contribuer à changer les mentalités et encourager l’égalité des chances, en dépit du genre.
L’audiovisuel : un canal pour mieux faire entendre les revendications
La “lettre aux hommes de demain” par exemple, lancée le 8 mars 2022 par le gouvernement, prend la forme d’une lettre ouverte aux garçons nés en cette journée internationale des droits des femmes. On y aperçoit différentes personnalités appelant au changement de mentalités et à la prise de conscience collective pour apprendre à chaque homme à faire obstacle aux violences et inégalités. Une action mise en place pour faire face aux différents problèmes soulevés par la question de l’égalité des genres, une femme sur deux déclarant en effet avoir déjà été confrontée à une situation de sexisme ou de harcèlement sexuel au travail en France.
En 2022 toujours, sous l’impulsion de la présidence française du Conseil de l’Union Européenne, 27 ministres ont partagé à travers une vidéo diverses pratiques mises en place au sein de leur pays respectif. Des actions visant l’égalité professionnelle, un meilleur équilibre entre vie professionnelle et personnelle tout comme la lutte contre les violences faites aux femmes.
Des actions reçues de manière positive par le public, ce qui n’est pas le cas de toutes. En effet, la campagne “Science: it’s a girl thing!” avait été lancée en 2012 par la Commission Européenne pour favoriser l’intérêt des jeunes filles pour le domaine scientifique. Une campagne cependant jugée sexiste et remplie de clichés, à en croire les commentaires des internautes sur Twitter dénonçant l’utilisation du rouge à lèvres et des talons aiguilles ou encore la mise en avant de mannequins taille fine.
Des actions concrètes pour mener la lutte
Dans le but d’éviter ces cas de figure, le Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes a publié en 2018 un guide ayant pour objectif d’aider les pouvoirs publics à communiquer de manière davantage inclusive et moins sexiste. Il prodigue ainsi des conseils sur la manière d’éviter les stéréotypes de genre dans la communication officielle, en citant notamment un usage neutre du langage, une diversité des expériences et une contribution équitable des femmes et des hommes.
Concernant l’échelle métropolitaine, Kildine Bataille, adjointe au maire de Dijon en charge de la petite enfance, de l’égalité hommes-femmes et de la lutte contre les violences faites aux femmes met en avant l’initiative du Mois de l’égalité (programme dijonnais à retrouver ici). L’occasion d’une communication interne à la collectivité et externe auprès du grand public à propos des enjeux de l’égalité dans les sphères du quotidien tels que l’espace public, la santé ou encore l’éducation.
Quel rôle à jouer pour le secteur privé ?
Mais hormis le gouvernement et les différentes institutions, les entreprises prennent également la parole sur le sujet. Certaines mettent en place des actions visant à réduire les inégalités de genre et à construire une image plus inclusive en promouvant notamment les perspectives d’évolution de carrière pour les femmes. La marque Danone par exemple, a mis en place un indicateur de suivi de ses performances afin d’obtenir un score sur 100 permettant de calculer si l’égalité hommes-femmes est atteinte en se basant sur cinq critères : la rémunération, l’augmentation individuelle, les promotions, l’augmentation des femmes en retour de congé maternité et la présence de femmes parmi les plus hauts salaires donnés.
Néanmoins, nous pouvons nous apercevoir que de nombreuses marques semblent uniquement défendre la cause par obligation, ce que l’on nomme le purple washing. Un concept identifié par son utilisation de la couleur violette, symbole du féminisme. Il désigne les procédés de marketing utilisés par différentes entreprises dans l’objectif de se donner une image engagée pour l’égalité des genres. Dans un registre complémentaire, nous pouvons remarquer que de nombreuses femmes s’illustrent dans le domaine de la communication. Mais si l’on s’intéresse de plus près à la tête des pôles, nous y retrouvons presque uniquement des hommes. En 2022, en France, seules 12 % des femmes étaient à la tête d’une PME, alors que 49 % étaient actives dans le monde du travail.
Quand un tweet peut changer le monde…
Si les différentes entreprises ne sont en effet pas exemptes de tout reproche quant à la question de l’égalité des genres, les citoyen·ne·s et internautes détiennent depuis quelques années un rôle de plus en plus important. Afin d’éviter une déconnexion avec les préoccupations sociétales, les institutions se doivent notamment de prendre en compte ce qui ressort des réseaux sociaux.
L’un des exemples les plus parlants est le mouvement #MeToo, véritable coup de tonnerre en 2017 lorsque le célèbre producteur de films américain Harvey Weinstein s’est retrouvé accusé d’agression sexuelle par différentes femmes. Une action d’autant plus retentissante quand on connaît le pouvoir que détenait l’un des hommes les plus influents de Hollywood. Des prises de parole qui ont par la suite entraîné des événements sans précédent, avec des accusations envers des personnalités de divers milieux.
Le pouvoir de ce mouvement s’est en effet étendu à la sphère privée. Initié et développé sur Twitter, nous avons pu être témoins de messages de la part d’une multitude de personnes prenant la parole quant à ce que leurs collègues, employeur·se·s ou autres avaient pu leur faire subir par le passé ou le faisaient toujours. Un mouvement international connu également en France sous le hashtag #BalanceTonPorc et récemment revenu au cœur des débats avec les accusations entre autres de la comédienne Judith Godrèche envers certains réalisateurs ou encore l’apparition du hashtag #MeTooGarçons initié par le comédien Francis Renaud. Ce mouvement d’ampleur, qui s’est également exporté dans les rues, comprend des actions attestant non seulement d’agressions sexuelles, mais également de violences sexistes en général et de la nécessité d’adopter différentes réformes. Nous assistons alors à des témoignages rendant compte d’un cadre de travail parfois étouffant pour les femmes, majoritairement victimes de ce genre d’agissements.
Même poste, même salaire ?
Une situation étouffante pour les femmes, déjà considérées en-deçà des hommes sur le plan salarial. En effet, à en croire une annonce faite chaque année au début du mois de novembre par le collectif Les Glorieuses, il est considéré qu’à partir de ce moment-là, les femmes “travaillent gratuitement” en comparaison aux salaires perçus par les hommes. D’après cette annonce, il restait entre le 6 novembre et le 31 décembre 2023 15,4 % des jours ouvrés de l’année, soit une période où les femmes pourraient s’arrêter de travailler si elles touchaient un taux horaire brut similaire à celui de leurs homologues masculins.
Un calcul qui est cependant remis en cause. Selon les précisions de Radio France, à titre et poste équivalent, la différence est de 4 %. Ce chiffre s’élève à 15 % avec une comparaison globale entre les métiers qu’exercent les femmes et les hommes. Une statistique qui permet néanmoins de souligner que les femmes travaillent davantage que les hommes dans des secteurs moins lucratifs et qui permet de mettre l’accent sur l’objectif de revaloriser les métiers moins rémunérés, davantage occupés par la gent féminine.
La transparence semble justement être l’une des clés concernant l’égalité salariale. À ce propos, selon un sondage publié en 2020 par le collectif Les Glorieuses une nouvelle fois, 8 salariés masculins sur 10 se déclaraient prêts à révéler leur salaire afin de faire avancer la lutte.
Pour favoriser l’égalité des genres, la ville de Dijon a de son côté créé en 2009 l’AMACOD, l’antenne municipale et associative de lutte contre les discriminations, permettant à chacun·e d’avoir un lieu d’écoute et d’accompagnement. Kildine Bataille met également en lumière l’organisation de moments de participation citoyenne tels que des cafés parents en crèche, des ateliers Génération Dijon ainsi que la tenue d’Agoras jeunes afin de faire émerger de la part des Dijonnais·e·s différentes propositions sur les questions liées à l’égalité.
Flavien Bert et Léa Simonnet