Pour promouvoir la littérature en déclin en Amérique-Latine, l’écrivain Armando Alanis Pulido a lancé l’Acción Poética, un mouvement qui 17 ans plus tard a pris de l’ampleur sur le continent latino mais aussi en Europe.
Qu’est-ce que l’Acción poética ?
L’Acción poética a été initiée il y a 17 ans alors qu’un très faible engouement littéraire sévissait au Mexique (en 1996, les Mexicains ne lisaient plus qu’un livre par an en moyenne). La mission de l’Acción poética est ainsi de réhabiliter la poésie et l’écriture locale. Selon son précurseur Amundo Alanis Pulido cela passe par une occupation urbaine et pacifique : il s’agit de “fondre la poésie dans le paysage urbain de manière à ce qu’elle interpelle les passants et provoque la réflexion”. Les messages transmis ne sont pas embrigadés dans le religieux ou le politique mais s’intègrent dans une thématique universelle, celle de l’amour.
(Ne t’attends pas à ce que je t’oublie, n’oublies pas que je t’attends.)
Extrait d’une chanson du rappeur « Shé », Acción poética de Monterrey, au Mexique.
Le mouvement reflète les nouvelles attentes de ces poètes et artistes contemporains qui ne signent jamais de leur nom mais de celui du mouvement. Alors aujourd’hui les messages transmettent un idéal de vie où l’homme doit trouver sa place. Ils ne sont plus uniquement ceux de l’amour mais prennent par aux rêves et idéaux d’une vie meilleure, et sont parfois emprunts d’ironie en réaction au monde insensé qui entourent les populations.
Aucun de ces artistes ne recherchent la reconnaissance (« Nous sommes tolérés par les pouvoirs publics. Nous ne leur demandons rien : ni subventions, ni reconnaissance. La plupart des murs peints le sont avec l’autorisation de leurs propriétaires et notre propre argent » membre d’Acción poética de Quito, en Equateur).
Ces fresques sont également une belle opposition aux actes de vandalisme, elles attirent la curiosité et recueillent le soutien des riverains qui voient d’un bon œil ces messages d’espoirs dans un quotidien difficile.
(De ce côté-là aussi, il y a des rêves)
Ecrit à Tijuana, du côté mexicain de la frontière avec les Etats Unis
(Que ce qui meure dans ma ville ne soit que la peur et l’insécurité)
Acción poética de Ciudad Juarez, ville frontière du Nord du Mexique, qui a connu près de dix homicides par jour en 2010, selon Amnesty International.
Depuis, la plateforme acccionpoetica.com a été crée et le mouvement relayé par les réseaux sociaux. Le projet local est devenu international et aujourd’hui actif dans plus de 25 pays dont la majorité en Amérique du Sud (Argentine, Pérou, Equateur, Chili, etc). C’est maintenant l’Europe qui est touchée de cette poésie murale avec des nouvelles actions en Espagne et Italie.
(Je t’aime de tes premiers vers jusqu’à la fin de ton histoire. )
Peint par Accion poetica de Quito (Equateur) sur un mur de l’avenue Simon Bolivar
Une belle action de communication culturelle
Acción poética est un exemple de communication engagée à suivre. Avec un habillage urbain très simple, elle touche directement au sens visuel et à l’émotion des spectateurs. Promouvoir la littérature en donnant du baume au cœur aux habitants, on ne pouvait donner plus admirable mission à la poésie moderne !
Source: LeMonde