Commençons par le commencement, le Black Friday est un événement purement américain, qui marque le coup d’envoi de la période d’achat de fin d’année. Pas le temps de digérer le repas de Thanksgiving de la veille que les promotions exceptionnelles et les prix cassés ameutent toute la population dans les boutiques au pas de course. Ce jour-là, plusieurs milliards de dollars sont dépensés dans les boutiques.
Comment le Black Friday est-il arrivé en France ?
L’importation de cet événement en France s’est faite sur 3 années, d’abord en 2014, mais suite au événement liés au Bataclan, le consommateur n’a pas mordu. C’est seulement depuis 2016 que les français se passionnent pour le Black Friday. Selon le site Poulpeo, qui s’appuie sur un rapport commandé auprès du Centre for Retail Research (CCR) et d’une étude lancée avec Yougov, les Français ont dépensé 735 millions d’euros en ligne et 4,3 milliards en boutiques à l’occasion du Black Friday et de ses déclinaisons. Oui, parce qu’il n’y a pas que le Black Friday, il y aussi le Cyber Week-end et le Cyber Monday, qui, comme leurs noms l’indiquent, complètent le Black Friday en assommant le web de promotions.
Historiquement, les commerçants utilisaient ce terme pour symboliser leur « sortie du rouge » pour retourner dans le noir. C’était à une époque où les comptes étaient tenus à la main et écrits en rouge car déficitaires tout au long de l’année jusqu’à ce fameux vendredi, qui permettait de réutiliser de l’encre noire. Petite anecdote qui permet de séparer l’utilité et le vice de cet événement.
Le danger de la surconsommation
Si, pour les consommateurs, les prix cassés excitent les porte-monnaies, aux yeux de la communauté des scientifiques et de l’ensemble des ONG, le Black Friday représente une absurdité en complet désaccord avec un mode de consommation raisonné et durable. Cette journée de surconsommation irrationnelle, menée par des promotions agressives, poussent aux achats compulsifs et au gaspillage. Comme le dit Emery Jacquillat, PDG de l’entreprise Camif, « on a un peu l’impression là, d’être comme sur le Titanic, tout le monde sait qu’on a pris un iceberg et qu’on va couler mais on continue à faire la fête.» Une référence au fait que l’on consomme plus que ce que la planète ne peut produire en une année.
Les entreprises appellent au boycott
Le mois de Novembre est pourtant le mois de l’économie sociale et solidaire, ainsi que celui de la semaine européenne de réduction des déchets mais la frénésie des prix arrive à faire son chemin chez les consommateurs. C’est pourquoi certaines entreprises comme la Camif, Maisons Du Monde ou encore REI, enseigne de Outdoor Américaine, appellent au boycott et à la consommation raisonnée en fermant leurs portes, leurs sites Internet ou simplement en n’appliquant aucune promotion.
De son côté, « Envie », un réseau de 50 entreprises solidaires, pionnier dans l’économie circulaire par le recyclage, lance quant à lui sa campagne « Green Friday ». De jeudi à samedi, les salariés de ce réseau ont fait bénéficier leurs clients de conseils, cours de réparation, promotion et « goodies » durables, afin de « sensibiliser aux alternatives à la consommation classique » et « valoriser une démarche vertueuse et engagée autour du réemploi plutôt que de l’achat neuf compulsif ».
D’ailleurs, les internautes n’ont pas manqué de se moquer de l’absurdité de l’événement, si vous avez du temps à occuper, faites un petit tour sur les réseaux sociaux, ce sont pas les vidéos qui manquent. Amusez vous bien !
Auteur : Vincent Allard