La chaîne de télévision officielle chinoise CCTV6 a diffusé le vendredi 14 décembre 2012 “V pour Vendetta” de James McTeigue. Six ans après sa sortie dans les salles obscures, cette diffusion engendre des questionnements.
“V pour Vendetta”, oui, c’est bien le film où Nathalie Portman se fait raser la tête ! Bras droit d’un homme luttant contre le gouvernement de son pays, le personnage d’Evey Hammond représente la rébellion. C’est une série de comics d’Alan Moore, publiée entre 1982 et 1989, qui est adaptée à l’écran traitant de sujets tels que l’anarchisme, la corruption ou encore la société idéale.
V, cet homme qui affole les dirigeants, porte le masque de Guy Fawkes, ce révolutionnaire du 17ème siècle qui essaya de détruire le gouvernement Britannique de l’époque. Figure reprise par des mouvements contestataires comme les Anonymous, Occupy Wall Street ou encore les jeunes du Printemps Arabe, nul doute que ce film représente l’envie de contester le gouvernement en place.
La Chine, ce n’est un secret pour personne, est un des pays maître en matière de censure. C’est pourquoi la diffusion de ce film suscite tant de réactions.
Même si Twitter ou Facebook sont interdits en Chine, un site de micro blogging Sina Weibo, interne au pays existe. Lors de la diffusion, les “tweets” ont fusé, réveillant ainsi le côté révolutionnaire endormi en chaque citoyen chinois.
Les répliques du film telles que “le peuple ne devrait pas avoir peur du gouvernement, mais le gouvernement devrait avoir peur du peuple” ou encore “derrière ce masque, il y a plus que de la chair, il y a une idée et les idées résistent aux balles” sont reprises et ce n’est pas anodin, les internautes souhaitent utiliser ces répliques comme nouveaux hymnes.
Même si le film bénéficiait déjà d’une certaine popularité en Chine (grâce au marché des DVD piratés), le fait que sa diffusion se fasse sur la chaîne nationale suscite encore plus de réactions. Les premières idées qui viennent alors à l’esprit des spectateurs chinois sont les suivantes: CCTV6 a commis l’erreur de diffuser ce film, la chaîne tente de contourner la censure. Puis une lueur d’espoir apparaît. Et si le nouveau leader, Xi Jinping, initiait réellement un changement? En effet, le gouvernement contrôle et censure les médias traditionnels, tout sujet doit donc obtenir son aval avant de pouvoir être publié. Le nouveau chef du parti communiste aurait-il autorisé la diffusion de ce film pourtant interdit à sa sortie dans les cinémas?
Les chinois, si discrets et droits dans leurs bottes (c’est l’image que l’on souhaite nous montrer), en profiteraient-ils pour ouvrir une brèche politique?
En attendant, ils pourront toujours chantonner “Remember, remember the 14th of December when CCTV6 broadcasted V for Vendetta”.