Biopics : les raisons du succès

Chaque année, les films en salles attirent un large public, et parmi eux, se démarquent les biopics. De l’anglais “biographical picture film”, ce genre cinématographique retrace les destins extraordinaires de personnes célèbres, ayant donc existé. Mais quelles sont les raisons de leur succès ? Est-ce la promesse de découvrir les coulisses de la vie de personnes iconiques ? Ou se plonger dans les souvenirs d’une certaine époque ?

Une histoire vraie : la promesse d'authenticité

Regarder un biopic c’est entrer dans la vie d’une personne emblématique. Découvrir les défis qu’elle a affrontés, les triomphes qu’elle a connus. Ainsi, sont représentées des personnalités de domaines variés, tels que la science avec Stephen Hawking dans The Theory of Everything (2014), la mode avec The House of Gucci (2021) ou encore le sport avec le boxeur Jake LaMotta dans Raging Bull (1980). 

Crédit Photo : Le Blog D'Alexandre Clément

Fondées sur des faits réels, ce genre se distingue pourtant de la biographie. Les producteur·rice·s se permettent de romantiser certains éléments, transformant des célébrités en personnages de fiction. Cette liberté artistique rend le sujet plus accessible, à la fois émotionnellement et narrativement.

Un biopic, avec sa part de révélations et de confessions, permet de lever le voile sur la personne derrière la célébrité à travers des éléments inédits ou méconnus jusqu’ici. Cet équilibre entre vérité et fiction attire les spectateur·rice·s. Cependant, les éléments fictifs peuvent parfois prêter à controverse. Le biopic Napoléon (2023) de Ridley Scott a été très critiqué pour ses nombreuses inexactitudes historiques. Des historien·ne·s ont relevé des erreurs dès la bande-annonce, comme la représentation de Napoléon tirant sur les pyramides d’Egypte lors de la bataille du même nom, ou la mention de Marie-Antoinette avec des cheveux longs à son exécution. Ridley Scott a défendu son film en expliquant qu’il s’agit d’une interprétation artistique et non d’une leçon d’histoire. Cette approche divise : certain·e·s spectateur·rice·s acceptent les libertés prises au nom du récit cinématographique, tandis que d’autres dénoncent une négligence qui pourrait tromper le public sur des faits historiques importants.

La (re-)découverte d’une époque

Image du film Bohemian Rhapsody avec Rami Malek face au Wembley Stadium
Crédit Photo : Cepro.com

Les biopics transportent les spectateur·rice·s dans des périodes bien précises. Ils peuvent raviver des souvenirs en recréant l’ambiance, les tenues et les événements marquants. Dans Bohemian Rhapsody (2018), le public plonge dans les années 1970 et 1980, une ère marquante pour l’industrie musicale. 

À travers les performances scéniques, le style vestimentaire de Mercury et les grands succès du groupe, la·le spectateur·rice est invité à revivre l’époque du rock britannique à son apogée. Beaucoup se souviennent encore de leurs premières écoutes de morceaux comme We Will Rock You ou encore We Are the Champions. C’est aussi l’occasion pour d’autres de découvrir une époque au travers du parcours d’une célébrité.

Cette immersion serait difficile sans le travail conséquent des acteur·rice·s, afin de se rapprocher au maximum des idoles qu’ils doivent incarner. Tahar Rahim, par exemple, a suivi plus de neuf mois de cours de chant pour atteindre les notes d’Aznavour, dans le film éponyme. Cette volonté de perfectionnisme joue un rôle central dans l’authenticité perçue par le public. Un mois après sa sortie, le film comptabilise en France près d’1,9 million d’entrées au box-office.

Les biopics musicaux, une capitalisation sur les fans ?

Les biopics ciblent des figures qui disposent déjà d’une communauté de fans fidèles. Les fans, parfois caractérisés par leur excès et leur implication massive, sont une source d’audience facile à attirer. Ils peuvent aussi amplifier le phénomène par leur implication. Beaucoup de fans laissent des commentaires sur les plateformes. Sur AlloCine, un admirateur du groupe Queen commente : “Bohemian Rhapsody est un grand film. Un superbe hommage à l’un des plus grands chanteurs que la terre ait porté.” Ce genre de réactions peut inciter d’autres amateurs du groupe, parfois même sceptiques face à l’annonce du biopic, à se rendre en salle pour se faire leur propre avis. En choisissant une personnalité connue, les producteur·rice·s s’assurent une audience déjà enthousiaste, qui trépigne de voir l’interprétation cinématographique de leur idole. A l’approche de 2025, de nombreux biopics sont attendus, retraçant notamment la vie de Bob Dylan, Maria Callas, Michael Jackson, Bruce Springsteen ou encore Linda Ronstadt. Un genre qui ne semble donc pas s’essouffler !

Au-delà de cette base fidèle, les biopics permettent également de conquérir de nouveaux publics. Ainsi, selon la plateforme de musique française Deezer, entre la semaine qui a précédé la sortie de Back to Black (2024) et celle qui l’a suivie, les écoutes d’Amy Winehouse ont augmenté de 206,92%. Ce phénomène touche davantage les jeunes, les 18-25 ans  ayant été la tranche d’âge à l’origine de ce sursaut des écoutes de l’artiste.

Un genre en constante évolution

L’intérêt pour les biopics n’est pourtant pas nouveau. En effet, ce genre cinématographique apparaît dès les débuts du cinéma. L’Exécution de Marie, reine des Écossais, réalisée par William Heise en 1895, retrace la mise à mort de la souveraine Marie Stuart et s’impose comme le premier biopic de l’Histoire. Bien qu’il soit parfois difficile de s’assurer de la véracité des éléments relatés, le public ne semble pas s’en lasser et les productions en profitent. 

Image en noir et blanc du premier biopic de l'Histoire
Crédit Photo : Wikiwand

Axés sur les figures historiques aux prémices du genre, les thèmes et personnalités se diversifient. Désormais les productions s’intéressent énormément aux biopics musicaux. L’année 2024 a été marquée par de nombreuses productions de ce genre. Le biopic One love qui retrace la vie de Bob Marley s’est notamment hissé à la douzième place au box-office français.

Aussi, pour répondre à un public toujours plus curieux, les biopics s’intéressent à d’autres types de personnalités. Depuis cinq ans, un sous-genre particulier, “le true crime”, suscite un intérêt accru. Ces films et séries, axés sur des histoires criminelles, posent cependant des questions éthiques : jusqu’où peut-on aller dans la starification de criminels ? La série Dahmer sur Netflix, sortie en 2022, a relancé le débat, notamment après que les fameuses lunettes du tueur aient été vendues aux enchères pour plus de 150 000 euros.

Les biopics continuent de captiver les spectateur·rice·s en retraçant des vies extraordinaires, qu’elles soient lumineuses ou tragiques. Ce genre, en perpétuel renouvellement, s’impose comme un miroir des époques et des figures qui les ont marquées. Alors que des sous-genres comme le ”true crime” émergent, les biopics interrogent sur le rapport au réel et à la fiction. Une fascination qui, à l’approche de 2025, ne semble pas prête de s’éteindre.

Alyssia IVORA et Romane DERSOIR

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