À la suite d’une soirée organisée par le Cercle Com, le cercle des professionnels de la communication de Bourgogne, nous sommes allées à la rencontre de Romain, animateur radio à l’antenne de Virgin Radio Bourgogne, afin de découvrir les secrets de cette forme de communication ainsi que des personnes qui lui donnent vie.
Pauline-Marilyn : Tout d’abord, est-ce que tu pourrais nous dire ce qui t’a donné envie de faire de la radio ?
Romain : J’ai commencé à faire un peu de radio lorsque j’étais au lycée. Il y avait une radio au sein de mon établissement. Avec quelques amis, nous sommes allés demander à notre directeur s’il était possible de relancer l’activité de la radio. Nous avons donc relancé la radio et on enregistrait une émission le soir après les cours que nous diffusions le lendemain matin. On parlait des différentes activités, du menu de la cantine ou des informations importantes comme les professeurs absents, et surtout on passait la musique qu’on voulait !
P-M : Comment fait-on pour devenir animateur ? Les écoles sont-elles toutes payantes ?
R : Non non, il y a plusieurs manières de faire de la radio. On peut faire de la radio associative et devenir salarié par exemple. Il faut arriver à envoyer des maquettes qui montrent que l’on est différent. Je n’ai jamais changé et c’est ce qui fait que j’arrive à sortir du lot. En radio de flux, on parle 5 fois dans l’heure, il faut réussir à faire en sorte que les auditeurs nous écoutent. L’école permet d’accélérer ça et d’avoir des contacts.
P-M : Qu’apprend-on au sein du Studio École de France ?
R : L’école de radio permet de rencontrer beaucoup de personnes, et ça permet de trouver des stages. Il faut être motivé, et on travaille dans des radios importantes, et ça nous confronte à la réalité des choses. Le matin j’étais à l’école et l’après-midi j’étais en stage.
Fin mai les radios recrutent pour l’été. Comme les mois de juillet et août ne sont pas sondés, les essais sont possibles. Donc j’ai envoyé plein de maquettes ; j’ai travaillé pour une radio à Rodez qui s’appelle TOTEM, les nuits et les weekends. C’est beaucoup de travail mais ça me plaisait.”
P-M : Tu as travaillé combien de temps pour la radio “TOTEM” ?
R : Je n’y ai pas travaillé longtemps, seulement en juillet et août. Pendant le mois de juillet je suis allé voir le directeur d’antenne, pour lui dire que je ne souhaitais pas continuer.
Le directeur m’a gardé jusqu’à la fin de l’été pour que j’ai le temps d’envoyer des maquettes à d’autres radios. J’ai donc eu le temps et passé beaucoup d’entretiens. À la suite de cela on m’a proposé un poste à Dijon, sur l’antenne locale d’Europe 2.
P-M : Donc depuis Europe 2 tu es resté à Dijon ?
R : Oui, j’ai fait 3 radios : Europe 2, K6FM et Virgin Radio.
P-M : A quel moment est venu l’idée de créer la radio K6FM ?
R : Europe 2 fonctionnait très bien. Le directeur de la plaque d’Europe 2 Bourgogne à l’époque, Franck Pelloux, avait dans l’idée qu’un jour, il monterait une radio de catégorie B. Il m’a contacté, ainsi que 3 autres personnes de la station pour nous demander si l’on souhaitait le suivre dans cette aventure. Il y avait un appel à candidature du CSA pour une ouverture de fréquence. On a tenté notre chance !
P-M : Pourquoi monter une radio ?
R : Car on est libre. Si on enlève l’enjeu financier qui est toujours là, et les restrictions du CSA, on fait réellement ce qu’on veut.”
P-M : Est-ce que le passage de K6FM à Virgin a été dû au rythme de K6FM ?
R : Oui c’est d’abord dû à cela. Et à un moment donné se pose la question : est-ce que je continue ? J’ai plus de tâches à réaliser ; et il nous était impossible de nous augmenter ; nous étions la tête dans le guidon toute la journée. Et personnellement j’étais très fatigué, je commençais à faire des erreurs.
La radio est un métier diversifié, surtout sur les radios locales, de catégorie B comme K6FM ; il y a un gros travail en amont pour que tout s’imbrique parfaitement. Il faut créer, chaque jour, 24h de programme, et ce, toute l’année. De la musique bien sûr, mais aussi publicités à vendre, à produire, à caler, des promos à faire, des interviewes, du montage… C’est une succession d’actions et ça doit couler lorsque l’auditeur écoute sa radio.
P-M : Qu’est ce qui t’a plu le plus ?
R : C’était la matinale de K6FM ! Je l’avais déjà faite les weekends mais en semaine c’est vraiment différent. C’est la tranche horaire la plus écoutée et il y a une intimité et une proximité avec les gens que je ne connaissais pas ; c’est assez drôle de se dire qu’on est la première voix qu’ils entendent le matin.
C’est un média qui est très pénétrant dans la vie des gens, les personnes ont leurs habitudes. Ça devient un rituel et les auditeurs sont imprégnés de ça, et ce qu’on dit le matin peut influencer leur journée, il faut faire attention à ce qu’on dit, les mots ont du poids.
P-M : Que penses-tu de la radio d’aujourd’hui comparée à la radio d’il y a quelques années ?
R : On ne va pas se mentir, sur le marché de la radio, il y a moins d’argent aujourd’hui. Il y a des sources d’argent que l’on doit trouver ailleurs, le digital a également pris le pas avec l’explosion de plateformes comme Deezer ou Spotify. On paie un truc qui nous permet juste d’écouter ce qu’on pourrait écouter par soi-même mais d’une autre façon, et donc tu es sur une boucle où tu ne découvres pas d’autres sons, à part si tu fais l’effort. Alors qu’en radio on fait découvrir de la musique. C’est de l’humain ; chaque titre est méthodiquement choisi, placé précisément et parfois même testé sur un panel d’auditeurs ; plutôt diffusé le matin, en milieu de journée, le soir ; un certain nombre de fois… Nous avons des règles que nous appliquons ; c’est une savante cuisine qu’il faut savoir doser, sans quoi, les auditeurs iront voir ailleurs.
P-M : Est-ce que tu pourrais nous donner ton avis sur la radio dans les moyens de communication ?
R : C’est très puissant, c’est un média d’affect, du coup les gens aiment bien la radio. A part le fait que certains trouvent que c’est répétitif, la radio est importante dans la vie des gens. C’est un support de communication incroyable, qui ne coûte pas si cher que ça. La meilleure méthode est de communiquer sur la longueur, le « one shot » ne sert à rien en radio, sauf sur des gros coups marketing. Certaines activités de nos clients ne peuvent déroger à la règle cependant. C’est à nous de leur expliquer et de leur vendre ce qui est le mieux pour eux. Un client satisfait est un client qui revient. »
P-M : Et donc comment vous mettez en place ces partenariats ?
R : Déjà, ce qu’il faut savoir, c’est que beaucoup d’entreprises sont partenaires de plusieurs de radio, en passant que c’est efficace car on multiplie des supports de communication avec l’idée de « comme ça on me voit partout ». Mais en te voyant partout, on te voit nulle part. Donc il faut trouver le bon équilibre, et viser les bonnes personnes. Ce n’est pas parce qu’on communique à fond que les personnes vont venir acheter. Il faut trouver la bonne cible.
Pour répondre à votre question, les partenariats que l’on monte se font sous forme d’échange marchandises. Il faut avoir les bonnes personnes, leur proposer de travailler avec nous, sur un échange logique et gagnant-gagnant, même si je déteste cette expression. Il faut donc faire comprendre au partenaire que notre radio va le mettre en avant, le valoriser, et donc que les gens qui vont entendre parler de lui seront les bonnes personnes la bonne cible.
Ça fait partie de notre travail aussi d’expliquer aux entreprises, au niveau communication et marketing, que c’est intéressant d’avoir une radio comme Virgin pour communiquer. Pour certains partenaires qui me démarchent, je préfère être franc avec eux en leur expliquant que leur cible n’est pas adaptée à la nôtre, en leur conseillant parfois même d’autres radios qui leur correspondraient mieux. Il vaut mieux, je crois, décliner tout de suite, plutôt que de monter une opération, en sachant à l’avance que la cible de Virgin Radio ne correspond pas aux attentes du partenaire. Il sera déçu, et ce n’est pas le but.
P-M : D’après toi, quelle est l’importance pour une radio nationale comme Virgin Radio, d’avoir des antennes locales ?
R : Le but est de recruter des auditeurs. Lorsque je prends l’antenne de 16h à 20h, pendant mon décrochage régional, Virgin Radio s’implante localement et on peut vendre de la publicité.
P-M : La radio peut donc toucher plus de personnes ?
R : Oui et ça permet surtout lorsque l’on on va voir les gens, de parler de la marque. Les personnes peuvent identifier la marque à une personne ; On ne m’appelle plus Romain Maury, mais Romain de Virgin Radio ! Je n’ai plus de nom de famille ! Ça permet d’identifier un visage familier sur une marque mais en local.
P-M : En conclusion, la marque devient plus proche de sa cible ?
R : Oui bien sûr. Quand on va voir des partenaires, ils se sentent aussi valorisés quand c’est une personne de Virgin qui va les voir, et c’est la même chose pour nos concurrents. Ils se sentent valorisés car on vient les voir. J’ai pleins de partenaires qui ne pensent pas qu’on puisse s’intéresser à eux.
P-M : Le conseil de Romain : Un conseil pour les futurs animateurs ?
R : De rester eux-mêmes et d’essayer de rester sur la passion qui les anime et qui les dévore. C’est loin d’être simple, mais ne vous laissez pas faire !
Merci beaucoup à Romain Maury, animateur chez Virgin Radio à Dijon pour le temps qu’il nous a accordé. Son expérience et ses connaissances nous ont beaucoup appris ! A très bientôt !
Article rédigé par Pauline Guyot et Marilyn Lagrost.