Depuis Janvier 2013, des pages «Spotted: Université d’ici ou là» apparaissent dans vos fils d’actualité Facebook. Intrigantes, ces universités qui se retrouvent sur le devant de la scène. Mais d’où vient ce phénomène?
La drague de Mark Zuckerberg
Spotted, qui en bon français veut dire «repéré», nous rappelle la série américaine Gossip Girl, où un(e) inconnu(e) relaie les histoires de la jeunesse dorée de Manhattan. Les auteurs des pages «Spotted» se seraient-ils crus dans une série télévisée?
Rappelons-le, le but premier de Facebook était de faire des rencontres. Le Meetic des étudiants au sein d’une université. Cependant, son succès mondial lui a donné le statut de réseau social. Bien sur, la drague sur Facebook n’est pas perdue et elle connaît une recrudescence ces derniers mois.
Déclarer sa flamme (ou sa haine d’ailleurs ! ) anonymement mais à la vue de tout le monde, voilà le concept Spotted. Au sein de la BU, l’amphithéâtre, le RU, la cafétéria ou les couloirs de la fac, les coups de coeur ont lieu en série.
Les poètes se révèlent, tantôt en rimes, tantôt comiques, pour essayer d’attirer l’attention de la personne repérée. Les pages deviennent alors plateforme de communication et d’expression comme des journaux intimes révélés au grand public.
Spotted: un business?
Les premières pages Spotted sont apparues en Allemagne et ses pays voisins ont vite suivi cette idée. Certains y voient même une opportunité professionnelle. Au fil de la création des pages, on découvre que l’agence parisienne de web-marketing Mempyre est derrière 122 pages. Une aubaine? Selon son créateur, Erwin Maginel de Saint Légier, c’est plutôt un «défi personnel» avec lequel il «ne gagne pas d’argent».
Les potins, ça fonctionne, le mystère aussi. Alors des annonces anonymes de personnes cherchant l’âme soeur ou déclarant leur flamme en accès libre, c’est le Saint Graal !
Ce concept est aussi un nouveau prétexte pour organiser des soirées. Des fêtes «Spotted» où les admirateurs pourront reconnaître leurs coups de coeur et tenter une approche en direct. Et les vidéos de promotion de ces soirées émergent :
httpv://vimeo.com/59986420
Spotted everywhere
L’université n’est pas le seul endroit où l’on repère et pouvons être repérés. Des pages se développent en masse : une ville entière, un réseau de transports en commun (RATP), des boîtes de nuit etc. On pourrait même imaginer une salle de gym, une piscine ou encore le kebab du coin ouvrir une page. En 2013, à la question «mais comment vous êtes-vous rencontrés?», les couples répondront «Spotted» puis donneront quelques détails croustillants du type «Robert m’a repéré un jour, à la boulangerie, alors que j’achetais mon sandwich à la rosette. Il a ensuite écrit à la page «Spotted : boulangerie du coin», je me suis reconnue et j’ai voulu en savoir plus. Je l’ai donc contacté, nous nous sommes retrouvés pour boire un café et le courant est passé.» Digne des Feux de l’Amour!
Cependant, les pages Spotted deviennent quelquefois le département des objets trouvés. Untel a trouvé une écharpe Hello Kitty à la BU, unetelle a perdu son parapluie, c’est tout de suite moins poétique !
«Big Brother is watching you»
Les créateurs des pages Spotted ne souhaitent pas se faire repérer. Tels des agents secrets, ils récoltent les informations, les diffusent mais savent rester discrets. Conscients de la mine d’informations qu’ils détiennent, des envieux pourraient les menacer afin de connaître les véritables auteurs des messages. Des communiquants de l’ombre qui arrivent à laisser planer le mystère sur leur identité et éveiller la curiosité des lecteurs. Comme une addiction, les plus dépendants iront visiter la page tous les jours. Ne sait-on jamais, ils pourraient se reconnaître dans une annonce!
Il y aurait-il de quoi devenir parano? A l’instar de Jim Carrey dans «The Truman Show», connaissant l’existence de ces pages, on pourrait vite se sentir épiés dans nos moindres faits et gestes. L’observation est devenue une curiosité inhérente à notre société. Les télé-réalités en sont la preuve, on observe sans être observés. Les candidats sont soumis aux remarques du public, ils suscitent la haine ou la passion au gré des commentaires qui déferlent sur la toile. Et tout cela peut se faire de manière anonyme.
Les pages Spotted seraient-elles l’occasion d’aider les grands timides à se dévoiler? Ou les lâches à ne pas assumer?
Toujours est-il qu’elles suscitent la curiosité, le plus vilain des défauts paraît-il !