Sneakers, casquette, hoodie ou même la fameuse sacoche-banane, nul n’ignore la place importante qu’a pris le street-wear dans la mode. Laissé pour compte pendant quelques années, il revient en force pour devenir un style vestimentaire mainstream. Zoom sur le “come back” du street-wear.
Le street-wear est la façon de s’habiller dans la « rue », lieu où les MC (Master of Ceremony), DJ (Disc Jockey) et danseurs s’exprimaient à travers le hip-hop dans les années 70 aux États-Unis. Vêtements oversize, assez basiques, logos voyants, le « street-wear » (à la limite du sportswear) de l’époque était exclusivement porté par un public populaire issu des « ghettos » et des « banlieues » des Etats-Unis.
Street-wear et les nouveaux influenceurs
Style musical le plus populaire en 2017 aux États-Unis selon Nielsen, la popularité du rap n’est pas sans conséquence dans le retour du street-wear. En effet, de nombreux rappeurs ont modernisé ce style délaissé jusqu’au début des années 2000. Ils affichent un style street-wear actualisé, bien loin des rappeurs oldschool de l’époque. Le street-wear ne se limite plus seulement aux rappeurs mais bien aux célébrités et influenceurs. Rihanna, Kim Kardashian ou Kylie et Kendall Jenner arborent des tenues composées de marque vintage comme Fila ou Champion.
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Street-wear et millenials
Les millenials s’avèrent être les plus gros consommateurs de street-wear. Il leur offre la possibilité de ressembler à ces influenceurs 2.0 en copiant et en adoptant leurs codes vestimentaires. À travers cet univers street-wear vintage, ils affirment leur identité et leur sentiment d’appartenance à la culture urbaine et hip-hop. La tenue reste donc un moyen de communication efficace pour les millenials, porteur d’un message puissant : « Je porte donc je suis ». Mais, à force de vouloir affirmer à tout prix leur identité à travers leur style vestimentaire, certains perdent de leur authenticité. Le phénomène des « Fuccboi » illustre ces propos. Ces adolescents friands de street-wear multiplient les marques streetwear de luxe. Cependant, ils ne cherchent pas une véritable cohérence stylistique. Ils s’habillent uniquement pour exposer les articles les plus rares et chers possible. Ces adolescents, via les réseaux sociaux, affichent leurs tenues street-wear et rendent ce style vestimentaire davantage mainstream. Le hastag #street-wear est utilisé 18 millions de fois et on dénombre 21 millions d’utilisation du hashtag #sneakers.
D’un style populaire à luxueux
Plus l’article sera cher, plus il sera convoité et acheté. L’effet Veblen s’applique également aux marques de street-wear comme Fila ou Ellesse. Très longtemps délaissées, elles ont compris l’importance d’augmenter leur prix pour revenir sur la scène de la mode et s’approprier un public plus large. Supreme, Nike ou BAPE optent quant à elles pour la stratégie de la rareté : peu de communication, éditions limitées et assez chères. Cette stratégie semble fonctionner au vu de la fulgurante ascension du street-wear dans le secteur de la mode. Les marques Off white ou Vetements sont incontestablement la preuve de ce succès. Créées il y a moins de 10 ans, elles ont su s’imposer comme des marques leaders de luxury street-wear.
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Street-wear et marques de luxe
Balenciaga ou Louis Vuitton proposent des articles beaucoup plus axés street-wear. Elles rompent ainsi avec leur passé de marque de luxe exclusivement réservées à un public bourgeois, voire vieillissant. Cela se manifeste notamment à travers l’influence des rappeurs dans le luxe. Certaines marques vont même jusqu’à leur proposer d’être égérie de campagne pour garder cet aspect street-wear et urban culture. C’est le cas de A$AP ROCKY pour Dior Spring/Summer 2017. Kanye West quant à lui, fut l’égérie de Balmain en 2016. Cependant, le passé culturel de ces marques ne s’oubliera pas, le street-wear demeurera associé au hip-hop et la culture urbaine.
Le street-wear est un style vestimentaire totalement ancré dans la mode de nos jours autant chez les jeunes que chez les adultes notamment par son influence dans le luxe. Cependant, le street-wear commence à perdre son identité « populaire » et abordable en devenant peu à peu inaccessible et réservé à un public plus aisé, en totale rupture avec le street-wear originel emanant de la « rue ».
Auteur : Andréa Lhuissier
Crédits photos : STARZFLY/BAUER-GRIFFIN/GC IMAGES
BALMAIN PARIS